Dans le Baden-Württemberg
J’entre maintenant dans un pays connu : Schwabenland (en Souabe) appelé affectueusement « Ländle » en Baden-Württemberg. Quel changement avec la Bavière ! Question bière, le demi-litre passe à 0.33 ou 0.25 ! Le pays est plus coupé, plus droit que l’Ouest de la Bavière et chaque vallée (Jagst, Kocher) semble isolée l’une de l’autre. Enfin, le dialecte m’est compréhensible. Evidemment, c’est une variante d’alémanique au même titre que l’alsacien. Alors les conversations autour du Stammtisch prennent plus de sens…
C’est aussi le cœur de l’Allemagne historique : la dynastie des Hohenstaufen est du coin, et l’incroyable morcellement politique du temps du St-Empire ( 962 – 1806) fait de chaque bourgade un état avec ses murailles, son vieux château et ses maisons serrées les unes contre les autres. Chose que des peintres comme K. Spitzweg ont mis sur toile avec humour. Dans beaucoup d’hôtels, Gasthöfe, on accroche quelques reproductions. On trouve aussi la trace de Mörike de Schwäbisch-Hall ou soudain, sur le plateau de la HohenloheEbene, « eine Schillerlinde » (tilleul de Schiller).
Le Neckar : encore une grande rivière allemande. L’axe fluvial du Württemberg. Des ressemblances, donc, avec la Moselle avec ses dimensions et sa canalisation tardive au grand gabarit rhénan ( + 1350 t) Et vous voyez, sous mon pont, ces chalands néerlandais ou belges chargés à ras bord de charbon de provenances lointaines. La mondialisation est à votre pied !
Et le long du Neckar des industries à perte de vue y compris de grosses qui ne figurent pas sur la carte pourtant récente. L’agriculture n’est pas en reste. Sur les terrasses loessiques - gare aux chemins détrempés qui vous alourdissent les chaussures - se développent , dans un paysage agraire absolument continu (fini la forêt !) des cultures intensives (choux, betteraves sucrières…) Vous êtes au cœur de l’Europe la plus active !
On saluera, à cet égard, la ville de Heilbronn, capitale de l’agroalimentaire de l’UE qui héberge les géants Liebig et Knorr qui font notre joie quand le manque d’imagination, le soir, nous régale le palais avec un « Deftiger Linsentopf » (soupe de lentilles). Sur le chemin, il y a toujours un paquet dans mon sac pour agrémenter mon pauvre ordinaire à condition qu’il y ait de l’eau en abondance car il est facile de faire la soupe ; quant à la vaisselle…
Ici, à Bad Wimpfen, c’est la grisaille. Elle n’empêche pas les touristes avisés de suivre avec attention les propos historiques (dans un accent schwäbisch inimitable) sur le passé glorieux de la ville, capitale impériale ( = Kaiserplfatz) éphémère du temps des Staufen (Frédéric I Barberousse).
Le 18/7 à 18h 27, le Rhin est à mes pieds ! Si Napoléon I ne s’était pas fait écraser dans la morne plaine de Waterloo, la ville d’en face : Speyer / Spire, serait française ! Pourtant, c’était une des grandes capitales du St-Empire et saccagée, à ce titre, à plusieurs reprises par les expansionnistes français.
J’ai traversé le Baden-Württemberg sans encombres malgré le mauvais temps. J’ai vu les rivières gonfler à vue d’œil. Dans le Kraichgau, à Waibstadt exactement, je me suis fait inviter par des journalistes de la « Badischer Anzeiger Zeitung » (BAZ) rencontrés au bistrot où, désormais, j’ai été élevé au rang d’honneur des clients… illustres !
Tourisme en Bade-Wurtemberg : www.tourismus-baden-wuerttemberg.de